> Je m'appelle Victoria Halimi
je suis architecte diplômée d'état.
Je fais de la photographie et de la vidéo.
Je vis et travaille à Paris.
Celle qui a été dévorée
> LIVRES
> LIVRES
« Tire la chevillette, la bobinette cherra. »
Le petit Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s'ouvrit.
Le loup, la voyant entrer, lui dit en se cachant dans le lit sous la couverture : « Mets la galette et le petit pot de beurre sur la huche, et viens te coucher avec moi. »
Le petit Chaperon rouge se déshabille, et va se mettre dans le lit, où elle fut bien étonnée de voir comment sa mère-grand était faite en son déshabillé. Elle lui dit :
« Ma mère-grand, que vous avez de grands bras !
— C'est pour mieux t'embrasser, ma fille.
— Ma mère-grand, que vous avez de grandes jambes !
— C'est pour mieux courir, mon enfant.
— Ma mère-grand, que vous avez de grandes oreilles !
— C'est pour mieux écouter, mon enfant.
— Ma mère-grand, que vous avez de grands yeux !
— C'est pour mieux voir, mon enfant.
— Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents !
— C'est pour mieux te manger. »
Et en disant ces mots, ce méchant loup se jeta sur le petit Chaperon rouge, et la mangea.
Celle qui a été dévorée se jura que jamais plus elle ne quittera le chemin pour courir dans les bois.
Texte : extrait du Petit Chaperon Rouge de Charles Perrault
victoria h.
Oostende, gris-vert
Celle qui a été dévorée
Leporello, 2019
leporello (format déplié : 14,5x105cm), papier velin, couverture lin imprimé
Texte : extrait du Petit Chaperon Rouge de Charles Perrault
Deux petits livres sont nés de ce projet : Celle qui a été dévorée et Celui qui est né deux fois (réinterprétations du conte du Petit Chaperon Rouge et de la Passion de Jésus).
Les éditions réalisées font référence au travail Imageries* (1965) de l’auteure et illustratrice Warja Lavater, qui a réécrit, au moyen de pictogrammes des contes populaires.
« L’écriture en pictogrammes peut être interprétée par le spectateur selon son propre point de vue. Il devient alors lui-même conteur, perpétuant ainsi la tradition de ces contes oraux. »
Tout comme elle, je choisis le format leporello. La couverture et toute la longueur du verso déploie le lieu représentant symboliquement l’espace habité par le conte. À l’intérieur, cinq photographies liées à la manière des séquences de cinéma retracent chronologiquement l’histoire. Une légende manuscrite, morale ou commentaire, ponctue ce déroulé. Enfin, une image « tableau » clôt la série.
Une phrase du récit introduit l’histoire. Le reste est caché entre les pages, de sorte que le lecteur peut se remémorer ou inventer sa propre lecture, et choisir ou non de renouer avec l’écrit original.