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les viaducs

Aussi loin que puisse paraître l’infini,

les viaducs se font la malle.

Mais ici,

une sombre masse dompte

la jungle autochtone.

 

Dans un ordonnancement mystique,

émergent des objets énigmatiques.

 

L’étrangeté plane.

 

Détournant ces tours,

elle fantasme

et vit des mondes surréels.

 

Elle rejoue ses classiques de science-fiction,

imagine les aqueducs de la Rome antique,

se souvient des monolithes bretons

ou des châteaux d’eau égarés,

selon son humeur...

Le lieu lui est familier.

Pourtant, ses émotions des premiers jours

ne manquent pas de rejaillir.

Puissance de la nature et audace de l’Homme.

Toute petite,

elle se sent.

 

Maintenant, tranquille,

enveloppée dans la chaude épaisseur de ses murs,

elle contemple la scène.

 

Les lumières qui fusent dans la nuit la transportent.

Elle s’allonge sur l’horizon.

Elle se sent appartenir à un tout.

Tout lui appartient.

Résumé

Intentions 

* Donner à voir la puissance paysagère des infrastructures de l’urbanisation générique.

* Fonder une autre manière d’aménager les territoires de l’urbain dispersé.

* Investir un site délaissé et démontrer sa capacité à devenir un lieu de vie.

* Proposer un mode d’habiter en adéquation avec les nécessités actuelles.

Il nous paraît opportun d’intervenir dans ce site exceptionnel – tant par ses qualités intrinsèques que par sa localisation – avec une opération de logements collectifs capable de révéler ces paysages latents. La puissance de ce lieu convoque une proposition architecturale radicale, en adéquation avec la part de fiction du site.

 

Programme : 150 logements

Situation : Beynost, commune de l'Ain (01)

Année :  2014 - Master 2, ENSAL

Distinction : Prix de la Jeune architecture - catégorie "nouvelles urbanités", 2015

 

 

Développement

Une prise de site radicale : les tours de la Côtière

Adossé au relief de la Côtière et dominé par ses viaducs, le site de projet est destiné à accueillir une intervention manifeste tirant parti de forces en présence. Cela conduit à une prise de territoire radicale.

 

Le choix de la verticalité s’est imposé en raison de sa capacité (analogue à celle des viaducs) à marquer le territoire.

La tour répétée sur le site engendre une nouvelle ligne forte dans le paysage qui dialogue avec le relief, entre en rupture avec l’horizontale des tabliers des viaducs, mais fait écho aux piles des infrastructures. Le choix d’un habitat en hauteur surplombant les flux et bénéficiant d’une vue infinie participe à sublimer la condition aérienne des viaducs.

 

Le projet est composé de 8 tours permettant d’atteindre la masse critique de 150 logements environ. Leur forme compacte et parallélépipédique rappelle les piles des viaducs. De petites dimensions (12x12x35-60m), les tours carrées (figures peu orientées) sont disposées de manière à créer des situations intéressantes vis-à-vis du paysage.

Leur organisation spatiale ne repose donc pas sur une trame clairement perceptible.

- Schéma 1 : principe d’implantation

Les tours sont alignées et équidistantes en projection horizontale et respectent un même épannelage. Elles présentent des orientations légèrement différentes afin que les logements n’aient pas de vis- à-vis avec les autres tours, conférant ainsi à l’habitant le sentiment d’être seul face au paysage.

 

- Schéma 2 : activateur de spatialité

Afin que les habitants fassent l’expérience de leur cadre de vie au-delà de la tour dans laquelle ils vivent, un réseau de «folies» aux fonctions diverses diffusent les usages sur le site et organisent des lieux de rencontre pour les habitants et les riverains.

L’étrangeté dans le territoire

Cette série de tours dans le paysage de la Côtière constitue une image surréaliste, s’ajoutant à l’imaginaire transmis par les viaducs et au sentiment de sublime présent sur ce lieu.

Afin de préserver la part fictionnelle du site, le projet doit - dans son développement - conserver un certain degré d’abstraction.

Le Monolithe

“Ouvrages architectoniques compacts qui produisent un effet hermétique et ne dévoilent rien de leur contenu. Ils ne font référence qu’à eux-mêmes et sont souvent sans lien direct avec le lieu, mais peuvent, de leur côté, constituer des points d’orientation. Ce sont des objets sans échelle, qui ont une forme concise, caractéristique et individuelle, et sont fréquemment pour ainsi dire personnifiés en conséquence et gratifiés d’un nom. Leur matérialité se limite souvent à une fine enveloppe, qui doit toutefois afficher une certaine homogénéité dans son apparence. La configuration du volume est censée suggérer une masse, ce qui se produit le plus souvent par exacerbation d’une déformation plastique, de préférence sous l’influence manifeste de la gravité ou d’une autre force.”

(Construire l’architecture, du matériau brut à l’édifice -p 290)

 

L’enveloppe : recherches sur l'abstraction

Les façades constituent un pan majeur du projet. Elles sont censées transmettre l’image hermétique du monolithe, que les nombreuses ouvertures ne doivent pas dénaturer : la fonction du bâtiment ainsi que son échelle demeurent floues.

- L’abstraction est le maître-mot de la façade.

La tour doit apparaître comme un monument, une sculpture et non le contenant de la vie domestique. Pour autant, cet objet architectural ne peut négliger le confort intérieur de ses logements. Les ouvertures proposées doivent être en adéquation avec le programme derrière la peau.

 

- L’aspect monolithique de la tour est également préconisé en raison de l’hostilité de l’environnement dans laquelle elle s’implante. Le sublime qui émane du paysage alentour confère un sentiment de crainte chez son observateur. L’architecture s’implantant dans ces délaissés de l’urbanisation doit alors chercher à préserver la sphère domestique des agressions particulièrement vives de ces lieux (climat, son, vertige...).

 

Cette exploration de façades induit différentes options structurelles. Nous choisissons de privilégier la façade porteuse car nous faisons l’hypothèse que la prégnance de la muralité améliorerait le confort physique et psychique de l’habitant. Nous cherchons à instaurer un rapport prudent et non moins ouvert avec l’extérieur.

 

Organisation spatiale de l’habitat

Le choix de façade (ouverture Sud-Est) ici présenté prend le parti d'orienter le logement sur la plaine l'Ain et ses viaducs. Voici les logements qui découlent de cette décision.  

- les pièces

La distinction spatiale des aires de services et des espaces de vie permet de déterminer des espaces unitaires, dépouillés de fonctions secondaires et prosaïques : les pièces. Ces espaces nobles contiennent l’essence de l’habité. Le plan du logement est structuré à partir d’une salle centrale qui se ramifie dans l’espace. Cet espace central confère une fois l’entrée passée une sensation d’espace inattendue . Cette pièce centralise les usages et la vie de famille : face à un environnement hostile, elle est la garante de la chaleur du foyer.

 

- les espaces servants

D’une matérialité faisant échos à celle de la façade, ils sont le reflet de la masse interne du monolithe. Définissant la géométrie des pièces, ils préservent leur intimité en les séparant les unes des autres. Les espaces servants regroupent les pièces humides, les éléments de cuisines, les placards, l’alcôve et l’ascenseur.

 

- les circulations : Les pièces sont reliées entre elles par un système de jonction. Cette "architecture de connexion" joue un rôle clé : elle doit "faire ressentir autour de soi la totalité de l’institution quand on marche dans le bâtiment" (Kahn). Voilà pourquoi les circulations seront traitées avec un soin très particulier (matérialité en référence à la façade, compression de l’espace, seuils...).

Matérialité : variations autour du béton

Le principe du monolithe nous oriente vers une matérialité homogène et expressive, véhiculant une forte évocation sensorielle (sollicitant l’imaginaire et l’association d’idée) et présentant une qualité esthétique et sculpturale.

Nous optons pour le béton matériau de l’anthropisation par excellence et faisant écho au viaduc.

La diversité de ses mises en œuvre produit, à partir d’une même composition minérale, des matérialités extrêmement diverses. Ce projet se prête à la variation de ses potentialités.

D’aspect tellurique sur la face externe de la tour, il se révèle extrêmement doux et raffiné dans le logement. Cette réversibilité du traitement de surface (désactivé/poli) s’associe avec une perception visuelle (mat et tourmenté/réfléchissant et plane) et tactile (rugueux/lisse) différente. L’usage du béton misapor (matériau isolant grâce à une part de verre recyclé expansé) implique une température nettement plus chaude que celle du béton ordinaire.

Nous jouons sur un décalage perceptif et sensoriel de ce matériau, pour en révéler les potentialités et contribuer à réhabiliter son image.

Maquettes

Photogrammes

La vidéo comme complément des outils de représentation habituels : retranscription de l’arrivée aux pieds des viaducs de la Côtière depuis la gare de Lyon Part-Dieu. Ce diaporama de photographies informe le contexte dans lequel se situe le site de projet et communique dans un registre surréaliste l’atmosphère de ce non-lieu.

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