top of page

I will survive

Cartes postales, 2020

Deux dépliants de 7 cartes postales détachables

(format déplié : 70x15cm, format carte 10x15cm)

 

COLLECTION "la dernière image"

« Il y a dans les yeux humains, même ceux d’un simple chromo, une chose terrible : l’annonce inévitable de la conscience, le cri clandestin qui témoigne qu’il y a là une âme. »  (Fernando Pessoa, le livre de l’intranquillité, 1982)

Il y a là une âme. 

Maintenant qu’ils l’ont rendue, il ne reste que l’image. 

Je me projette dans l’instant capturé de leur vie, devenu symbole sur le marbre froid. Je ne cesse de penser qu’à ce moment précis le modèle n’avait probablement pas conscience de sa fin, ni de cette pseudo-éternité.

 

Dans Le mystère de la chambre claire, Serge Tisseron évoque la photographie comme support de deuil et de commémoration. Substituant l’absence, on y recherche le disparu. Elle est preuve de son existence, témoignage d’un passé révolu et, éventuellement, représentation transfigurée de l’être aimé.

 

Avec quel soin cette dernière image a-t-elle été choisie et mise en scène ? Que raconte-t-elle des morts et de ceux qui leur ont survécu ?

Ultime image, reine de l’autel sur lequel le défunt règne désormais le temps de la concession. 

 

J’ai croisé le regard de nombreux absents et je me suis inventée beaucoup d’histoires.  Au détour d’une tombe, j’ai même trouvé un visage qui a reflété le mien. 

J’ai mes chouchous : ceux qui me font rire, ceux qui me font de la peine, ceux que j’aurais pu aimer et ceux avec lesquels je ne serais pas partie en vacances. Les graves, les solennels, les procéduriers, les autoritaires ; et, à l’opposé, les légers, les inadaptés, les inconvenants, les bâclés... 

COLLECTION "la dernière image"

La collection du dernier message met en relation des fragments d’images et de textes glanés dans les cimetières et ses abords. Elle fabrique, par le biais de correspondances (souvent douteuses), une famille recomposée et absurde.

 

Le dernier message est celui laissé par le défunt, par ses proches, voisins, membres de club,... et par ceux qui en font commerce. 

Les épitaphes d’aujourd’hui sont globalement bien loin des messages d’éternité et d’espérance (« ce tombeau sera votre tombeau ! ») qui étaient la norme jadis. Comme le remarque le journaliste et photographe André Chabot, la symbolique religieuse, mystique ou libertaire disparait au profit de messages à caractère quotidien. Sur les tombes actuelles, il est fréquemment mention du métier ou de la passion du trépassé ; on y trouve des plaques « À mon / ma...» précisant le lien familial, social ou affectif avec le défunt ; et puis quelques phrases exprimant le regret et le manque du disparu.

 

Insensible aux ready-made sentimentaux produits par les pompes funèbres qui standardisent les mots et les ressentis, je suis, en revanche, très touchée par les attentions et les créations, même modestes, des endeuillés. Il se dit des choses plus intimes, plus spontanées, plus vraies que dans la solennité (parfois pompeuse) des monuments d’avant. 

 

Je reconnais un bénéfice à la désacralisation de la mort : elle a ouvert la voie à des libertés inédites... pour le meilleur et pour le pire. Quant à moi, je recherche les deux. Pour que vive la mort ! 

Ces séries se présentent sous la forme d’un dépliant de 7 cartes postales détachables. Une collection comptera cinq dépliants et les deux collections seront à terme rassemblées dans un coffret. Les dépliants pouvant être désassemblés et mélangés entre eux, je fais appel à l’esprit d’éditing et de collectionneur des vivants.

L’objet carte postale est volontairement décalé pour appuyer le ton léger et ludique de mon projet. 

Une phrase au dos de chaque carte commentera avec dérision son image.

 

Échanger ou envoyer ces cartes se veut une opération humoristique et engagée.

bottom of page