> Je m'appelle Victoria Halimi
je suis architecte diplômée d'état.
Je fais de la photographie et de la vidéo.
Je vis et travaille à Paris.


Celle qui a été dévorée
> LIVRES
> LIVRES
« Tire la chevillette, la bobinette cherra. »
Le petit Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s'ouvrit.
Le loup, la voyant entrer, lui dit en se cachant dans le lit sous la couverture : « Mets la galette et le petit pot de beurre sur la huche, et viens te coucher avec moi. »
Le petit Chaperon rouge se déshabille, et va se mettre dans le lit, où elle fut bien étonnée de voir comment sa mère-grand était faite en son déshabillé. Elle lui dit :
« Ma mère-grand, que vous avez de grands bras !
— C'est pour mieux t'embrasser, ma fille.
— Ma mère-grand, que vous avez de grandes jambes !
— C'est pour mieux courir, mon enfant.
— Ma mère-grand, que vous avez de grandes oreilles !
— C'est pour mieux écouter, mon enfant.
— Ma mère-grand, que vous avez de grands yeux !
— C'est pour mieux voir, mon enfant.
— Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents !
— C'est pour mieux te manger. »
Et en disant ces mots, ce méchant loup se jeta sur le petit Chaperon rouge, et la mangea.
Celle qui a été dévorée se jura que jamais plus elle ne quittera le chemin pour courir dans les bois.
Texte : extrait du Petit Chaperon Rouge de Charles Perrault
victoria h.
Oostende, gris-vert



les invasions
Le centre historique.
Un bus.
L’aéroport.
Je descends.
Pistes d’atterrissage.
Un virage.
Une voie rapide en chantier.
Un chemin de fer.
Nous y sommes !
Une petite dépression où la nature s’infiltre.
Des maisons perchées sur un relief instable.
Des rues de terre.
Des chiens soupçonneux.
Pas tranquille.
Une deux fois deux voies.
Soit quatre fois trop pour ce village dans la ville.
Arrive un projet hors d’échelle : le mien.
Déjà adapté au territoire de demain,
quand le trafic frôlera les façades,
quand le tram concentrera les parcours,
quand la densité explosera sous le poids de l’invasion,
la kancha recueillera l’intensité nouvelle.
Situé dans une ville linéaire,
cet espace se révélera en tant que lieu de résistance :
barrage à la pression urbaine, l’ensemble de briques
et de béton constituera une protection.
Il sera ouvert sur une vallée verdoyante,
rare coin de nature accessible
offert à la population.
Résumé

Intentions :
Comme la plupart des grandes villes péruviennes, Cusco connaît une croissance démographique non maîtrisée. Les hauteurs de la ville sont couvertes d’habitats informels dont 30% situés en zones sismiques. Par ailleurs, la densification et l’expansion urbaine décuplent la pollution de l’air et du sol, et posent le problème de la mobilité. Une voie ferrée peu fréquentée traverse Cusco d’Est en Ouest. L’Atelier imagine sa reconversion en ligne de tram. Nous concevons les futurs arrêts de la ligne en réinterprétant une forme urbaine traditionnelle au Pérou : la kancha (bâtiments disparates construits dans un espace rectangulaire entouré de murs).
Programme : forme urbaine et programme (groupe), développement d’un édifice (individuel)
Situation : Cusco, Pérou
Année : 2013 - Master 1 - Politecnico di Torino
Développement







1. Localisation (parcelle, voie ferrée, aéroport...) 2. Schémas : voies de dessertes / topographie 3. Coupe territoriale 4. Schémas : espaces naturels / bâti 5. Vue du site

1. Localisation (parcelle, voie ferrée, aéroport...) 2. Schémas : voies de dessertes / topographie 3. Coupe territoriale 4. Schémas : espaces naturels / bâti 5. Vue du site
Contexte
Cusco, ancienne capitale des Incas, est une ville linéaire encaissée dans la Sierra (zone montagneuse du Pérou).
Contrastant avec l’habitat informel des collines., le très touristique centre ville valorise son patrimoine colonial.
L’urbanisation nouvelle ne cesse d’empiéter sur les espaces naturels : Cusco ressemblera peut-être aux collines rocailleuses de Lima, où toute végétation a été sacrifiée.
Le site de projet choisi se situe dans une plaine dominant la ville et la piste d’aéroport (présence visuelle et sonore des nombreux avions).
Elle se positionne à cheval entre la voie ferrée et un espace où se développe une urbanisation non réglementée. Cette localisation entre les communautés supérieures et des îlots de la ville basse s’avère stratégique pour l’implantation d’un arrêt de tram et des services dédiés aux riverains (local communal, marché couvert, logements supplémentaires...).
Le programme proposé en fait une nouvelle centralité dans le quartier.
Nous reprenons la kancha -structure traditionnelle Inca- en tâchant de l’ouvrir sans perdre son unité.
Reste à définir sa morphologie :
- Au nord de la kancha, une barre occupe toute la largeur de la plaine, opposant ainsi une limite à l’urbanisation anarchique et préservant les espaces naturels en amont.
Ce volume abrite l’arrêt de tram, au rez-de- chaussée, et organise l’entrée dans la kancha. Les étages supérieurs sont dédiés aux logements.
- La tour au centre du projet est également résidentielle. Conçue pour être un point de repère pour la population, elle entre en relation avec la topographie environnante.
- Les bâtiments au sud sont disposés en peigne, de manière à ouvrir la kancha sur les espaces naturels et à encourager les usagers à s’y rendre.
L’ensemble fait de briques et de béton (matériaux considérés comme nobles, au Pérou) est teinté dans la masse en rouge pour renforcer son impact visuel.
Morphologie de la Kancha





La barre : développement



Gauche : façade sud Centre : Coupe transversale Droite : façade nord

Gauche : façade sud Centre : Coupe transversale Droite : façade nord




Définition de la barre, élément assurant la relation entre la ville et l’ensemble projeté.
Le socle en béton du volume est totalement ouvert, afin d’accueillir les flux générés par l’arrêt de tram et l’entrée de la kancha.
La façade nord est rythmée par des percements géométriques, libérant le passage vers la ville basse. Nous tenions à cette fluidité, sans pour autant envisager des pilotis qui auraient mis à mal l’unité du volume.
Les étages supérieurs de la barre accueillent des logements en duplex. Le séjour et le patio en double hauteur sont protégés du soleil (le nord sous l’équateur correspond à notre sud) par une peau de briques ajourée. Relativement opaque et mystérieux, le bâtiment se présente sous un jour abstrait depuis la ville consolidée.
La façade sud possède, quant à elle, une structure régulière et de larges ouvertures, rendant visible le programme de logements.
Les puissantes arches du rez-de-chaussée confirment la massivité de l’ouvrage et laissent passer le regard vers l’intérieur de la kancha.